Tonia, 94 ans, et toujours derrière le comptoir !
Tonia est notre invité ce week-end. Cette dame de 94 ans se trouve toujours derrière le comptoir du bar dans lequel elle a mis les pieds en 1949 au centre-ville du Puy-en-Velay. A deux pas de la bibliothèque municipale, elle a vu circuler du monde depuis qu’elle exerce son métier, et elle a été témoin de tout ce qui s’est passé depuis 60 ans dans la cité ponote. C’est cette véritable figure locale que nous avons rencontré, et avec laquelle nous nous sommes entretenu…
Haute-Loire Infos : Vous tenez ce bar depuis 1949, et vous êtes encore derrière le comptoir aujourd’hui, quelles en sont les raisons ?
Tonia : Mes clients sont toujours là, des clients de 50 ans qui certains étaient dans la boyauterie. Ils venaient chercher des boyaux, car il en manquait toujours une fois que l'on tuait le cochon, ils venaient me voir, et j'éatis toujours ouverte, même le dimanche. J'ai des clients d'Espaly, de Mons, de Chaspinhac, de Saint-Germain Laprade, c'est d'ailleurs là-bas que je suis née. Ils font les commissions le samedi, et ils viennent chez moi, ce sont des vrais amis, des anciens. J'ai toujours travaillé là-dedans, je n'ai que ce métier là.
Haute-Loire Infos : Au début vous faisiez de la restauration, et il y avait des chambres d’hotel, il y avait beaucoup de passage, beaucoup de clients ? Qui étaient-ils ?
Tonia : On faisait des pommes de terre au four, du pot au feu, de la volaille, du lapins, de l'agneau...Il y a des gens qui venaient passer leurs vacances, et qui venaient chez moi. Des gens venaient aussi boire leur bouillon que je leur offrait avec un verre de vin. J'avais six chambres d'hôtel, même la police m'amenait des clients, ils étaient plus sympathiques qu'aujourd'hui !
Haute-Loire Infos : Vous avez cotoyer beuacoup de monde depuis 1949, et vous avez vu évoluer les choses !
Tonia : J'ai connu beaucoup de monde, il y avait beaucoup d'ouvriers, à l'époque je leur proposait un repas à 12 francs. C'était pas du vite fait comme aujourd'hui, on triait les haricots à la main et on épluchait les pommes de terre, on servait du bon lard, ils étaient bien nourris. J'ai connu Mr le Maire, Bernard Jammes, qui venait boire son petit coup ! Des fois, il se faisait porter son repas à la mairie. Sur la place ça a beaucoup changé au niveau des boutiques. En face il y avait les syndicats, le marché était de l'autre côté. Il y avait des placards, on y trouvait les pommes de terre que les marchands n'arrivaient pas à vendre. Place Cadelade il y avait le marché aux cohons, c'était les moutons place de la Libération.
Haute-Loire Infos : Qu’est-ce qui a changé aujourd’hui, les mentalités, les modes de vie ?
Tonia : C'est pas la même ! Les amis sont restés mes amis, aujourd'hui les gens ne sont pas contents, ils ne sont pas heureux, et puis ils sont pressés, et maintenant il faut que la femme travaille ! Quand ils mangent dans les restaurants c'est du vite fait. Les gens ne sont pas plus agressifs, je n'ai eu qu'une bagarre dans ma vie, en quarante ans de métier. C'était le concierge avec un monsieur qui avait laissé ici des pommes de terre, et le samedi d'après il n'y en avait plus !
Haute-Loire Infos : Quelle est votre philosophie de la vie, quels conseils donneriez-vous aux jeunes d'aujourd'hui ?
Tonia : Il faut s'instruire, car le commerce c'est fini maintenant. Un jour où l'autre il ne faudra pas être sot, il va falloir savoir des choses...