D’un côté, les communes n’ont plus d’argent avec des baisses de dotations de l’Etat et de l’autre, les entreprises du bâtiment sont estropiées par les normes, les charges et les impôts. Une menace de perdre 40 000 emplois pèse aujourd’hui dans le secteur du bâtiment pour l’année 2014. Les parlementaires de la Haute-Loire, Laurent Wauquiez, Jean-Pierre Vigier, Jean Boyer, Gérard Roche, et la Fédération du Bâtiment de la Haute-Loire, représentée par Jean-François Couchoud, ont tiré la sonnette d’alarme sur cette situation catastrophique. Ils sont allés dernièrement à la rencontre des professionnels du bâtiment, sur le chantier de rénovation de l’ancienne cure du Brignon qui jouxte l’Eglise...
Un chantier exemplaire qui concourt au développement de tout un territoire...
Cette réhabilitation s’inscrit dans le cadre du projet Retrouvance, destiné à proposer des circuits de randonnée sous formes de produits « clés en main » ; randonnées, hébergements, animation et accompagnement. L’ancienne cure du Brignon, sera le premier hébergement proposé sur l’itinéraire tracé entre Coubon, Saint Martin de Fugères, Lafarre, Présailles jusqu’au Mont Gerbier des Joncs. Financée pour moitié par la Communauté d’agglomération, et à hauteur de 40 % grâce aux crédits du plan Massif Central, et 10% par le Conseil général, la réhabilitation de cette ancienne cure ne coûtera pas un centime à la commune du Brignon. Elle bénéficiera de la rénovation complète de ce bâtiment attenant à l’Eglise, pour devenir un véritable outil de développement touristique pour tout un territoire.
Un plus que la commune n’aurait pas pu s’offrir. Le maire du Brignon, Jérôme Bay a expliqué que pour la première fois dans son histoire d’élu, ses dotations de l’Etat baissaient. Les communes rurales ont de plus en plus de difficultés à investir, et doivent payer en priorité les factures de fonctionnement de leurs structures. Jean Boyer, Sénateur a souligné cette difficulté à investir, et qui vient de s’accentuer cette année.
Les élus agitent le drapeau rouge pour les difficultés de l’emploi dans le bâtiment...
Au cours de la visite de chantier, les parlementaires ont échangé avec les professionnels du bâtiment, très inquiets pour leur avenir. Les carnets de commande sont vides aujourd’hui. Les entreprises locales épuisent les chantiers en retard, commandés en 2012. Aucune commande n’est engagée pour 2013 et les inquiétudes vont grandissantes lorsque l’on regarde à l’horizon 2014. Les causes de cette baisse d’activité sont multiples. Si la crise actuelle gèle la construction de logements, les entrepreneurs dénoncent également les difficultés administratives avec des excès de normes, des retards de paiement, ou encore la concurrence perçue comme « déloyale ».
Des difficultés administratives pointées du doigt...
Les métiers du bâtiment souffrent de contraintes poussées parfois à l’excès. Aujourd’hui, les entrepreneurs doivent effectuer un parcours semé d’embûches dans un dédale normatif toujours plus complexe. Pour les dirigeants, exercer son métier devient : " une croix à porter avec toujours plus de normes ", pour Thiery Avon (Entreprise de maçonnerie). Pour l’ancienne cure du Brignon, les nouvelles normes de désamiantage ultra contraignantes qui viennent d’être adoptées, ont multiplié le coût de l’opération initiale, par 20 !
Une concurrence souvent jugée comme « déloyale »...
L’augmentation du taux de la TVA, relance le travail au noir. Les entreprises locales en sont les premières touchées avec la baisse de leurs commandes. D’autres formes de concurrence apparaissent avec l’appel à de la main d’œuvre étrangère moins chère. Il devient difficile pour les entrepreneurs locaux de rivaliser face à la concurrence étrangère. " Certaines entreprises ne travaillent qu’avec de la main d’œuvre étrangère et à des taux horaires extrêmement bas ", évoque Bernard Chantemesse (entreprise d’étanchéité, couverture et bardage). Une concurrence de plus en plus difficile à contrer également, pour Bernard Dutemps (Multi-façades), qui explique que : " Des sociétés d’interim louent des personnes à 16 € TTC ".
40 000 emplois menacés de disparition en 2013...
Dans un secteur qui compte 1,18 millions de salariés, 14 500 postes ont été détruits en 2012, et les prévisions de la Fédération du Bâtiment sont mauvaises, avec la crainte de voir encore 40 000 emplois disparaitre et 3% de baisse de l’activité en 2013. La chute continue des mises en chantier et des ventes de logements neufs a conduit les professionnels à multiplier ces derniers mois les cris d'alarme à l'adresse du gouvernement, accroché à l'objectif intenable en l'état de 500 000 logements neufs (dont 150 000 sociaux) construits par an. Malgré des taux de crédits immobiliers à leur plus bas historique (3,13% en février), les fédérations patronales du bâtiment agitent le spectre de 40 000 suppressions d'emploi en 2013 et 2014, soit environ quatre fois plus que la restructuration drastique engagée par PSA Peugeot Citroën dans l'automobile.
Pour le député-maire Laurent Wauquiez, il faut réagir vite pour éviter le pire : " Le bâtiment constitue l’un des principaux secteurs pourvoyeurs d’emploi. Or, il n’y a aucune prise de conscience au niveau national aujourd’hui. Avec la baisse des commandes, c’est 40 000 emplois qui sont mis sur la sellette dans l’année qui vient ! Les entreprises souffrent des délais de paiement et des contraintes administratives toujours plus drastiques pour les artisans. La hausse de la TVA va relancer le danger du travail au noir, et la hausse des charges va peser sur les entrepreneurs, qui ne parviennent plus à rivaliser face à la concurrence des entreprises étrangères qui viennent travailler ". Jean-Pierre Vigier a dénoncé la pression fiscale qui pèse aujourd’hui sur les entreprises, avant de rappeler l’importance de la péréquation pour des territoires plus fragiles.