Le lieutenant-colonel de gendarmerie Patrick Mabrier est notre invité ce week-end, il commande le groupement de gendarmerie de Haute-Loire. Il nous parle de son métier, des qualités nécessaires pour être un bon gendarme, de ses passions...Voici les réponses à l'interview à laquelle il a bien voulu répondre.
Haute-Loire Infos : Quel a été le déclic qui a fait que vous ayez choisi de faire carrière dans la gendarmerie nationale ?
Patrick Mabrier : Difficile question. Pour ce qui me concerne, ce choix a été le fruit d'un long processus. Ma première vocation, c'est de servir la Justice au sens entier du terme. Je me suis donc engagé dans des études de droit à Aix en Provence, après mon bac, et j'ai obtenu à l'époque en 1986 un DEA, aujourd'hui Master de droit pénal et sciences criminelles. Et puis, j'ai découvert l'armée au travers du service national aujourd'hui suspendu. Affecté après mes classes au régiment d'infanterie de marine du pacifique à Nouméa en qualité d'aspirant chargé des affaires sociales, j'ai aimé tout de suite la rigueur, le respect de l'autre, et les valeurs de l'institution.
Haute-Loire Infos : Quelles sont les qualités nécessaires pour en faire partie ?
Patrick Mabrier : Les qualités nécessaires sont multiples, tout simplement parce qu' au sein de la gendarmerie chacun peut exercer plusieurs métiers: motard, spécialiste en identification criminelle, enquêteur d'unité territoriale mais aussi spécialisée...
Et il peut les exercer à différents niveaux: exécution, encadrement, conception... Pour ma part, j'ai effectué toute ma première partie de carrière en qualité de pilote d'hélicoptère au commandement notamment de deux sections aériennes (Metz et Villacoublay) , avant de revenir à des fonctions plus classiques. Ce n'est pas un cas isolé. Et je dirais donc, pour répondre à votre question, que la qualité principale, c'est au fond, me semble-t-il, la disponibilité: disponibilité vis-à-vis du service: accepter d'aller là où il le commande, là où l'institution a besoin de vous dans l'intérêt de la communauté; disponibilité vis-à-vis du citoyen, au service duquel le gendarme se trouve placé, quelles que soient ses fonctions et son niveau d'intervention; disponibilité devant l'événement car en gendarmerie, c'est l'actualité qui commande, il faut l'anticiper autant que possible, se préparer aux éventualités, et surtout savoir réagir.
Patrick Mabrier : Un regard d'amitié. Je ne suis pas originaire de la Haute-Loire, et je ne me destinais pas à venir commander la gendarmerie de ce département. Mais depuis mon arrivée, à aucun moment, je n'ai regretté d'avoir dit oui à la proposition qui m'a été faite de servir ici. Pourquoi? Je pense tout simplement parce que ce département à une âme, une âme particulièrement riche et complexe, celle de ses pierres et de son terreau volcaniques, celle de sa diversité en deçà et au delà des cols de Fix et du Pertuis, celle de ses hommes et de ses femmes attachés à leur terroir. Attachés mais ouverts, car je dois dire que j'ai été vraiment accueilli de très belle manière.
Haute-Loire Infos : La multiplication des radars et les contrôles répressifs ne rendent-ils pas les gendarmes de plus en plus impopulaires ?
Patrick Mabrier :
Haute-Loire Infos : Quel est le souvenir de gendarme qui vous a le plus marqué à ce jour ?
Patrick Mabrier :
En Haute-Loire, ce qui m'a marqué, c'est l'affaire de cette jeune femme de 37 ans égarée avec son enfant de 7 ans que nous avons cherché pendant 5 jours cet été autour du lac du Bouchet , et que nous avons retrouvés sains et saufs. Quand je dis "nous", c'est plus que nous les gendarmes, puisque d'ailleurs, c'est une équipe de personnes habitant dans les alentours qui s'était portée volontaire pour participer aux recherches qui a entendu l'appel au secours du petit garçon, au fond d'une vallée encaissée, et a permis de mettre fin à cette affaire.
Et justement, si c'est un bon souvenir, c'est parce que j'ai éprouvé une immense satisfaction à voir de mes yeux, tout d'abord, la volonté, la disponibilité, l'engagement entier des gendarmes des brigades voisines mais aussi des trois compagnies du département et des motards de l'escadron de sécurité routière, du début à la fin, jour et nuit. Mais pas seulement.
Je me souviens du moment précis où ils ont été retrouvés. Je donnais sur la place d'un village mes ordres pour la battue aux différents groupes formés de gendarmes et de volontaires, quand j'ai entendu les cris de joie se répandre dans l'assemblée.
Patrick Mabrier : L'homme, c'est compliqué. On n'est jamais à l'aise quand il s'agit de parler de soi. Je dirais que l'homme fait ce qu'il peut. J'essaye d'être à la hauteur de mes ambitions. Pas facile. Mon épouse, qui connait tous mes défauts, serait intarissable sur le sujet si je l'autorisais à vous en parler.
Et puis aujourd'hui, à 50 ans tout rond, priorité au plaisir dans le travail et au travail bien fait. Je suis payé pour faire un boulot, et je le fais du mieux que je peux, jusqu'au bout, toujours, en essayant de laisser le moins possible de monde au bord de la route. Parce que, ce que je fais, je ne le fais pas tout seul. Seuls, nous ne sommes rien, c'est ma grande conviction. J'ai une équipe de collaborateurs au sein de mon état major, et des commandants de compagnie, des commandants de brigade, des hommes et des femmes au fin fond de leurs unités, compétents et pleins de valeur. Je ne les vois pas assez, mais je sais leur engagement au quotidien, même si dès fois je les malmène un peu. Mais je n'aime pas l'à peu près. C'est comme ça !
Patrick Mabrier : Lecture, peinture, écriture, et un peu de moto, dans le respect du code de la route, bien entendu! Peintre du dimanche, j'aime surtout écrire, inventer des personnages, des intrigues. Et je trouve que la Haute-Loire est une belle terre d'inspiration. Manque le temps, encore et toujours, et un éditeur! Les journées passent à une vitesse record et s'enfilent les unes derrière les autres. Plus de 25 ans de service déjà, et le sentiment de sortir à peine de l'université !
Haute-Loire Infos : Quelle est votre devise ?
Patrick Mabrier :