La Poste a engagé une concertation nationale avec les Organisations Professionnelles ayant pour thème les conditions de travail des postiers, avec pour toile de fond un mal-être important, menant parfois au suicide. En Haute-Loire comme ailleurs, la réorganisation des services, la surchage de travail, la pression exercée sur les agents ne sont pas sans conséquences pour la CGT...
Depuis plusieurs années, des documentaires, des faits divers tragiques, des conflits individuels et collectifs, des rapports d'experts et de médecin font réapparaître dans l'actualité la question du malaise social à La Poste " Nous avons conscience que la profession de postier est loin d'être la seule à souffrir dans le monde du travail. L'objectif de cette rencontre n'est pas d'ajouter une couche de misérabilisme pour faire pleurer dans les chaumières mais de présenter des éléments concrets qui illustrent ce malaise en Haute Loire. Et ceci, en réfutant l'idée reçue selon laquelle la course folle à la productivité dans laquelle s'est lancée La Poste est nécessaire à sa survie. En faisant tout et n'importe quoi et en infligeant à son personnel un traitement indigne et méprisant, La Poste se condamne au contraire à perdre l'essentiel de sa richesse: l'attachement de ses salariés et celui des français ", explique la CGT.
Des réorganisations et des pressions mal vécues par les agents...
Tous les services sont réorganisés tous les deux ans " Réorganiser à la Poste ne signifie qu' une seule chose : supprimer les emplois.
Réorganiser tous les 2 ans, ça veut dire concrètement que vous avez un an pour vous y habituer et que ça recommence puisque la procédure de réorganisation elle-même dure à peu près un an ". Les facteurs et les guichetiers sont donc invités, en plus de leur journée de travail habituelle, tous les 18 mois à la co-construction de leur future organisation de travail qui supprime leurs propres postes ou ceux de leurs collègues, selon le syndicat. Les pressions sont particulièrement fortes sur les " seniors " les agents de 50 ans et plus, notamment s'ils souffrent de restrictions d'aptitude " L'objectif est de les faire partir prématurément avec des mesures d'âge qui pénalisent fortement le montant de leur retraite future. Les facteurs les plus âgés n'arrivent plus à suivre le rythme ". En 2014, l’âge moyen des postiers est de 46.5 ans, en augmentation. Pour les agents plus jeunes, la brutalité des réorganisations n'est pas moindre. En 2015 et 2016 deux guichetières du département ont appris par le journal ou par la population qu'elles allaient perdre leur emploi puisque leur bureau risquait d'être transformé. Tentative de suicide récente. En 2015, cinq factrices d'Yssingeaux ont appris brutalement devant tous leurs collègues que leurs tournées étaient supprimées. De même qu'aux guichets, la fermeture de nombreux bureaux font que les clients se déplacent vers des bureaux ouverts dont les effectifs ne sont pas du tout renforcés. Malgré les efforts de La Poste, les clients sont très peu nombreux à faire leurs opérations sur internet ou sur les automates qui doivent désormais remplacer les guichetiers, précise la CGT.
Les nouveaux services en ligne de mire...
De nouveaux services payants sont mis en place à un rythme effréné depuis 2 ans, selon la CGT. La plupart naissent, font l'objet d'une communication interne et externe intense et peuvent tout aussi bien mourir le mois suivant ou la semaine suivante, sans que les postiers n'en soient informés. Elle évoque notamment la vente au porte à porte sur présentation des catalogues TEMPS L et AFFIBEL, la livraison de gâteaux, de bouquets de fleurs, de courses alimentaires, ou bien encore le relevage des compteurs EDF, la vente de téléphones portables, de de bijoux, la surveillance de l’examen du code de la route, ou la collecte de dons pour des ONG " Évidemment, la Poste exploite à des fins commerciales une pratique traditionnelle chez les facteurs : Rendre de menus services, dire bonjour et prendre des nouvelles des personnes âgées en leur distribuant le journal de la main à la main. Cette confiance dans le facteur est utilisée sans vergogne pas seulement pour vendre un service payant mais aussi pour vendre des objets inutiles à des personnes vulnérables qui n'osent pas refuser. Il y a donc un malaise et des résistances éthiques qui sont telles que, malgré leur devoir d’obéissance, des facteurs refusent de s’y plier ".
Un management brutal et anxiogène...
Les salariés ne peuvent pas se sentir à l'aise dans une entreprise au sein de laquelle des dirigeants leur répètent à longueur de journée, l'avenir est sombre et très incertain, précise la CGT (sentiment cultivé que l’entreprise peut fermer dans les années à venir). Cette culpabilisation est poussée jusqu'à l'absurde, rajoute t-elle " Cette dévalorisation systématique des postiers s’illustre pour les fonctions commerciales : guichetiers et conseillers bancaires, dans des écrits qui ne contiennent que des phrases négatives et menaçantes ". Bref, autant dire que la malaise est grand à la Poste, si l'on en croit la CGT.