Michel Bergougnoux a bien voulu se livrer au jeu des questions-réponses concernant ses fonctions au Conseil Régional d'Auvergne, et à son rôle de suppléant auprès du Député Jean Proriol. Il nous parle des dossiers qu'ils considèrent prioritaires pour la Région et le département de la Haute-Loire, il nous confie son attachement à Jean Proriol, il évoque les prochaines élections législatives et se présente sans l'avouer comme le digne successeur du député sortant. Sa présence, son expérience au Conseil Régional, et le fait de résider sur le secteur de Brioude sont autant d'arguments qu'il met en avant tout comme son travail aux cotés de Jean Proriol.
Haute-Loire Infos : Quels sont les dossiers qui vous tiennent à cœur au sein du Conseil régional, et comment gérez-vous votre rôle de suppléant de Jean Proriol ?
Michel Bergougnoux : Au sein du Conseil Régional d’Auvergne, j’appartiens à la 4ème Commission « Environnement, mobilité, transports » et les sujets qui y sont débattus constituent, bien entendu, ma préoccupation première. Ceci étant, les autres mandats électifs que j’exerce (Conseiller municipal de Brioude depuis 1977 et suppléant du Député Jean Prorioll depuis 2002) ainsi que mes activités d’enseignement et de recherche dans les domaines de l’économie et de la finance à l’Université d’Auvergne m’ouvrent à d’autres préoccupations. Je suis particulièrement sensible aux problèmes du développement économique, de l’aménagement du territoire et de l’emploi ainsi qu’aux questions relatives à la jeunesse, à la formation professionnelle et à l’enseignement, à la recherche et à l’innovation.
Sur toutes ces questions et sur bien d’autres encore, je fais régulièrement le point avec Jean Proriol dont l’intérêt pour les questions régionales reste toujours aussi vif. Parce qu’il me confie fréquemment des missions de représentation dans le cadre de son mandat de Député, ce dont je lui suis reconnaissant et le remercie, nous échangeons des informations, nous confrontons nos points de vue, en un mot nous nous coordonnons.
Pour conclure sur ce point, je tiens à ajouter qu’avec mes collègues Marie-Agnès Petit et Isabelle Valentin la coordination fonctionne également très bien. Ensemble, nous apportons une attention particulière aux dossiers qui concernent la Haute-Loire même si, en tant qu’élus régionaux, nous ne sommes pas les représentants d’un seul département mais de la Région toute entière.
Haute-Loire Infos : L’aménagement de la RN102 a fait couler d’encre depuis de nombreuses années, comment expliquer qu’il n’y ait pas eu une réelle volonté politique de la rendre plus sûre ? " la Région a demandé que la RN 102 fasse l’objet d’une inscription dans les projets d’aménagement devant permettre d’améliorer la sécurité des infrastructures routières ".
Michel Bergougnoux : Comme l’indique son intitulé, la RN 102 est une route nationale dont l’entretien et les aménagements incombent à l’Etat. Ce préalable étant rappelé, ma réponse sera nuancée car, dans sa formulation, votre question renvoie à des interprétations de nature différente bien que nécessairement liées. Du strict point de vue de la sécurité, même si beaucoup de choses peuvent encore être faites pour réduire la fréquence et la gravité des accidents et améliorer la fluidité d’une circulation caractérisée par un accroissement considérable du nombre de véhicules, il est sans doute excessif de parler d’absence de volonté politique et, sous-entendu d’inaction des élus, dans la mesure où, au fil des ans, de nombreux aménagements ont été réalisés. Certes, devant les drames humains que vivent les familles confrontées à la disparition ou au handicap lourd d’un être cher auxquels personne ne peut rester insensible, ces aménagements peuvent paraître bien insuffisants. Cependant, permettez-moi de rappeler, pêle-mêle : la mise en place de limitations de vitesse dans les traversées de bourgs et de villages ainsi que sur de nombreux tronçons de route, l’installation de radars, la création de créneaux de dépassement, la réalisation de giratoires, notamment celui de Coubladour, etc…
En ce qui me concerne, et bien modestement, j’essaie d’apporter ma pierre à cet effort collectif. Récemment, la Région a été amenée à donner son avis sur le Schéma National des Infrastructures de Transport (SNIT). A l’occasion d’une demande d’avis complémentaire et à mon initiative dans le cadre de la quatrième commission, la Région a demandé que la RN 102 fasse l’objet d’une inscription dans les projets d’aménagement devant permettre d’améliorer la sécurité des infrastructures routières. Cette inscription vient compléter la citation de la RN 102 dans la fiche Route 6, ajoutée au SNIT à la demande du Sénat, afin de prendre en compte les aménagements de routes existantes dans le cadre du désenclavement des territoires, en particulier des territoires de montagne non ou mal desservis par le train. Ce dernier point me conduit à aborder ce qui constitue sans doute le fond de votre question, à savoir le problème de la restructuration et de la modernisation de la RN 102 qui, du nord au sud, traverse la partie ouest de notre département.
Il faut bien convenir que depuis les travaux du col de Fix-Saint-Geneys au début des années 70, les investissements lourds qui ont pu être réalisés par la suite (déviation de Brioude puis de Largelier, jonction RN 88 – RN 102 au carrefour de Polignac) sont insuffisants pour permettre à cette dernière de jouer pleinement son rôle d’axe structurant et de vecteur du développement économique et d’aménagement des territoires qui forment la façade ouest de la Haute-Loire. Nombreux sont ceux qui, déplorant la lenteur des réalisations, en rejettent indistinctement la responsabilité sur l’Etat et les élus, en particulier ceux qui exercent un mandat national. A la vérité, les choses ne sont pas aussi simples ! Des facteurs de nature diverse, techniques et environnementaux aussi bien que budgétaires, ont contribué au fil du temps a retarder la modernisation de la RN 102. Pour des raisons différentes, les déviations du Puy et de Brioude en fournissent une illustration.
La première, parce que pour les spécialistes de la direction des routes il ne pouvait être question de drainer des flux de circulation supplémentaires sur le bassin du Puy, en modernisant trop rapidement la RN 102 à partir du nord, tant que le tracé et le financement de son contournement n’étaient pas acquis. Quant à la seconde, l’achèvement de la partie nord de la déviation de Brioude a fait l’objet de nombreuses tergiversations. Il a fallu toute la détermination de Jean Proriol et des élus du Brivadois, et tout le poids du Président Giscard d’Estaing alors Président de la Région Auvergne, pour que le contournement de Largelier, avec la construction d’un viaduc sur le ruisseau de la Vendage non prévu dans le projet initial, soit réalisé.
En ce qui concerne la poursuite et l’achèvement de la liaison deux fois deux voies depuis Largelier jusqu’à l’A75, ils sont conditionnés par la réalisation nécessaire et urgente d’Arvant. Après d’âpres négociations au cours desquelles J. Proriol et les élus locaux ont reçu l’appui déterminant de Brice Hortefeux, le financement de cette déviation a été inscrit au Programme de Modernisation des Itinéraires en Auvergne (PdMI) 2009-2014 pour un montant de 28,1 millions d’euros. Le Conseil Général de la Haute-Loire y a contribué pour 2 millions d’euros et le SYDEC Allier-Allagnon pour 1 million. La Région Auvergne, quant à elle, a refusé toute participation au financement de cet investissement pourtant indispensable à l’aménagement de nos territoires.
Je souligne ce point car il ne faut pas se voiler la face ! Dans un contexte marqué de difficultés budgétaires aux plans national et européen, la compétition entre les projets d’infrastructures routières va s’exacerber. Au sein même du territoire auvergnat il faudra faire des choix comme par exemple la RCEA, la poursuite de l’aménagement de la RN 7 entre Macon et le nord de Moulins ou encore l’antenne de Vichy, c’est à dire la liaison entre l’A 71 et la RN 7, pour ne citer que les principaux. J’en redoute les conséquences pour notre secteur si la Région persiste dans son refus de peser dans les décisions d’investissement routier. Au-delà du Brivadois, tout l’aménagement futur de la 102 vers le sud en dépend !
Haute-Loire Infos : Dans un peu plus d’un an les élections législatives, au cas où Jean Proriol ne se représenterait pas, quelle serait votre position, sachant que votre nom est de plus en plus cité ? " Il existe, vous le comprenez, une très forte relation d’amitié et de confiance entre nous et l’éventualité de sa succession est un sujet que nous avons naturellement abordé ".
Michel Bergougnoux : Pour répondre à votre question, je rappellerai une anecdote. J’ai fait la connaissance de Jean Proriol dans la première moitié des années 70 à l’occasion d’un débat contradictoire sur la régionalisation qui avait été organisé à la Faculté des Sciences économiques de Clermont-Ferrand où j’étais jeune enseignant. A cette époque, il était encore Sénateur de la Haute-Loire. Il représentait Valéry Giscard d’Estaing, et il avait subi une opposition en règle de la part d’adversaires déterminés soutenus par un auditoire qui lui était franchement hostile. Ce jour-là, Jean Proriol m’avait impressionné par son courage, sa détermination et la clarté de ses propos. A la fin du débat, j’étais allé me présenter et ce jour-là est née notre amitié. Elle ne s’est jamais démentie.
Lors des élections législatives de 2002, Guy Vissac son ancien suppléant étant devenu sénateur, Jean Proriol m’a proposé de le remplacer. J’ai accepté comme je l’ai fait une fois encore en 2007. A l’occasion de ces deux campagnes électorales, j’ai eu tout le loisir de l’observer, de voir sa passion pour ce département et sa très grande proximité avec les gens. J’ai beaucoup appris. Il existe, vous le comprenez, une très forte relation d’amitié et de confiance entre nous et l’éventualité de sa succession est un sujet que nous avons naturellement abordé. Mais comme le rappelle votre question, les futures élections législatives interviendront dans un peu plus d’un an et, aujourd’hui, je ne vous en dirai pas davantage.
Haute-Loire Infos : Quel est votre regard sur la Haute-Loire de demain, quel visage aura-t-elle, d’après-vous, dans 15 ou 20 ans ? " La Haute-Loire de demain sera ce que nous la ferons. Il ne tient qu’à ses habitants et à ceux qui les représentent de faire fructifier ses atouts ".
Michel Bergougnoux : Je ne suis pas devin et répondre à ce type de question est un exercice difficile. Je sais, en revanche, ce qu’est la Haute-Loire d’aujourd’hui et il est fort probable que ce qui la caractérise soit encore vrai à l’horizon que vous évoquez.
Au cœur du Massif Central et à faible distance de grandes agglomérations, la Haute-Loire est un département à taille humaine. Elle possède des atouts indéniables qui tiennent à sa diversité. Diversité dans ses activités économiques car elle est à la fois agricole et industrielle ; diversité dans sa géographie, ses paysages et ses habitats ; diversité dans son patrimoine architectural et historique. Conséquence positive pour un territoire longtemps enclavé : un patrimoine naturel et environnemental très largement préservé. Enfin, et c’est sans doute le plus important : une population en progression régulière qui reste fortement imprégnée par les valeurs fondées sur le travail, la mesure et le respect d’autrui. Bref, autant d’atouts qui ne méritent qu’à être mieux connus et valorisés. C’est là que réside l’avenir de notre département !
La Haute-Loire de demain sera ce que nous la ferons. Il ne tient qu’à ses habitants et à ceux qui les représentent (les élus naturellement mais aussi l’ensemble des acteurs de la vie économique, sociale et culturelle) de faire fructifier ses atouts, de les faire connaître en n’hésitant à parler d’eux-mêmes afin que l’on sache à l’extérieur que la Haute-Loire est un département où il fait bon vivre.
Plus que jamais Michel Bergougnoux se positionne comme un acteur potentiel des prochaines échéances électorales, mais incontestablement d'autres prétendants n'attendront pas à se manifester...