26 novembre

MSD pas favorable à l'implantation d'un hyper à St-Germain...

Pour la première fois les laboratoires MSD se prononcent sur la question de l'implantation d'un Hyper U et d'une zone commerciale à Saint-Germain Laprade au cœur de l'activité industrielle. La position de Viviane Massonneau, directrice de l'usine de la vallée est sans appel…La zone industrielle de Saint-Germain Laprade doit rester une zone industrielle. Dans un  entretien qu’elle nous a accordé elle nous a confié qu’elle ne voyait pas d’un bon œil l’implantation d’un hypermarché sur la zone. Elle estime qu’un tel projet augmenterait les risques d’accident avec un flux trop important de voitures et de personnes à proximité d’une usine classée SEVESO…

 

 

Viviane Massonneau, directrice de l'usine de la vallée

 

Haute-Loire Infos : On a beaucoup parlé de St-Germain Laprade cette année, avec entre autre le projet d’implantation d’un Hyper U. Une grande surface sur une zone industrielle, est-ce compatible ?

 

Vivianne Massonneau : Je ne suis pas très favorable à ce projet. Tout simplement parce que nous sommes sur une zone industrielle. Il n’est pas bien de mélanger des activités industrielles et commerciales à fort flux. Quand on dit ça, on nous répond qu’il y a des garages automobiles, mais ce sont des activités qui n’ont pas un fort flux, et qui n’induisent par énormément de trafic. On raisonne en termes de risque. Le risque c’est le produit de la fréquence et de la gravité. En amenant une activité comme ça sur la zone industrielle, on va augmenter la fréquence, la présence de voitures et de personnes, et on va augmenter la gravité si quelque chose arrive. Mon rôle à moi est de faire en sorte que nos opérations soient parfaitement sous contrôle et qu’il n’arrive jamais rien, même si le risque zéro n’existe pas. En augmentant la présence, le trafic et le flux sur la zone industrielle on augmente le risque. Je comprends l’approche de Mr Boutreux, je respecte l’approche de Mr Exbrayat, le maire de Saint-Germain Laprade, mais je trouve que ce n’est pas un bon mélange des genres. Par exemple, si on a un camion citerne qui nous livre du solvant sur la zone, le danger existe. Il est minime parce que le trafic de voitures n’est pas très important. En augmentant le trafic de voitures sur la zone on augmente le risque, par exemple, d’un accident avec un camion citerne qui livre du solvant, et dans ce cas là on ira dire comment ça se fait que l’on a mélangé de l’activité commerciale avec de l’activité industrielle. A Saint-Fons, près de Lyon, le maire s’est interrogé sur le fait de construire des écoles à côté des usines. Notre usine est classée SEVESO parce que l’on manipule des quantités importantes de solvant. C’est un risque que l’on maîtrise et que l’on contrôle, en mettant en place des barrières et des systèmes de détection pour faire en sorte que l’accident n’arrive pas. Ce risque existe bien sûr sur la route, mais pourquoi aller augmenter ce risque consciemment sur la zone industrielle.

 

Haute-Loire Infos : L’implantation d’une grande surface peut-elle fragiliser l’existence d’une entreprise comme l’a vôtre ?

 

Vivianne Massonneau : Je ne pense pas que si le projet voit le jour cela fragilise l’entreprise, mais je pense que l‘augmentation de la présence industrielle sur la zone serait très positif. L’apparition ou la création d’une zone commerciale, en apportant un trafic routier très important, et un nombre important de personnes représenterait une augmentation du risque que l’on peut éviter.

 

Haute-Loire Infos : Selon vous, comment s cette zone industrielle de St-Germain doit-elle se développer ?

 

Vivianne Massonneau : La zone est déjà bien développée, j’ai entendu que Michelin allait probablement d’étendre…toute présence industrielle sur la zone représente de la création d’emploi et favoriserait les échanges. C’est bon pour la zone, le bassin du Puy et les communes environnantes. Les aménagements de la zone sont satisfaisants, même s’il y a encore quelques ronds-points qui sont un peu juste pour faire tourner les camions. Mais je n’ai pas eu  de plaintes de mes transporteurs. Il y a eu des efforts de faits sur la signalisation des entreprises. C’est une zone qui vit et qui se développe, tout n’est pas parfait, mais ça reste satisfaisant.

 

Haute-Loire Infos : Revenons à vous, vous êtes une des rares femmes à la tête d'une grande entreprise sur l'agglomération du Puy. Comment êtes-vous arrivée à la tête de MSD ?

 

Vivianne Massonneau : Je suis arrivée chez MSD en 1999, après avoir travaillé chez Rhodia, dans la région lyonnaise. J’ai eu la grande opportunité d’être expatriée pendant 5 ans aux Etats-Unis, d’être exposée aux changements culturels et d’organisation. Ca m’a énormément fait grandir. En revenant des Etats-Unis je me suis sentie prête à prendre la direction du site. J’ai peut être rencontré un peu de misogynie au début, ou en tous cas de la curiosité auprès de certains de mes collègues. Au comité de direction, je ne devais plus être la collègue ou la copine, mais je ne peux pas dire que j’ai été trop confrontée à la misogynie au cours de ma carrière.

 

Haute-Loire Infos : Dans cette période de crise comment se porte les Laboratoires MSD ?

 

Vivianne Massonneau : Malgré un contexte difficile dans l’industrie de la santé les Laboratoires MSD se trouvent en croissance négative depuis deux ans. Nous avons beaucoup de contraintes sur les prix des médicaments, les remboursements, les nouvelles créations de taxes. Le médicament représente 15% des dépenses de santé, par contre il représente 50% des économies. Sur deux milliards, il y a un milliard qui vient du médicament, alors que nous ne représentons que 15% des dépenses de santé. Malgré cela, MSD assure de solides résultats en temps que filiale du groupe Merck, notamment par la mise à disposition de produits innovants sur le diabète et sur l’hépatite C. MSD garde une empreinte très forte sur le territoire national. Nous sommes présents en recherche, en production aussi bien pharmaceutique que chimique, et en force de vente.

 

Haute-Loire Infos : Que pensez-vous des mesures annoncées par le gouvernement pour améliorer la compétitivité des entreprises ?

 

Vivianne Massonneau : Je pense que les mesures du gouvernement constituent un premier pas, mais je ne pense pas que ce soit suffisant. Le travail est trop rigide, et nous n’avons pas assez de flexibilité pour être compétitifs dans le milieu de la pharmacie ou des industries de la santé. On a des taxes qui peuvent apparaître pour un oui ou pour un non. Nous sommes en compétition avec d’autres pays, pour l’implantation d’activités, et ça nous pénalise quand même beaucoup.

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