Quelqu'un a dit un jour que le plus grand chanteur français mersure 1 mètre 60, et qu'il est espagnol. Il s'agit de Nilda Fernandez. Le catalan à la voix androgine était samedi soir sur la scène de la MPT de Brives-Charensac, et il a envoûté son public lors d'un concert intimiste aux couleurs des voyages qu'il a réalisé depuis le début de sa carrière. Nous avons rencontré ce chanteur atypique qui a signé il y a quelques années des tubes comme " Madrid, Madrid ", ou " Nos fiançailles ", et nous lui avons posé quelques questions sur le chemin qu'il a parcouru depuis, et les projets qu'il a en tête...
Haute-Loire Infos : Comment vous définissez-vous ? Etes-vous un poète ?, un rêveur ?, un nomade ?
Nilda Fernandez : La pire des choses c'est de se définir ! Je laisse à d'autres le soin de le faire. Un nomade c'est pas quelqu'un qui fuit sa maison, moi c'est peut-être un peu ça. Je défi quiconque de ne pas avoir des tendances, des réflexes nomades. Celui qui est toujours au même endroit rêve de partir. Avant les êtres humains se tiraient d'un endroit pour suivre le troupeau qu'ils chassaient, pour changer de saison, our trouver des terres plus fertiles. Moi c'est pareil, quand je suis parti en Russie, j'y suis allé par curiosité, et j'y suis resté. J'ai rencontré quelqu'un qui voulait faire de mois une star, ça ne m'est jamais arrivé en France.
Haute-Loire Infos : " Madrid, Madrid ", "Nos fiançailles ", ont fait de vous un chanteur connu. Vous vous êtes fait ensuite plus discret, pourquoi ?
Nilda Fernandez : Je n'ai pas eu envie d'être prisoonier d'un succès. Un artiste qui a à peu près conscience d'être un artiste n'a pas envie que le succès l'emprisonne, mais il faut trouver de vraies stratégies pour ne pas être emprisoné ! La tendance est de devenir le serviteur de ce qu t'arrives. En ce qui me concerne, j'ai préféré partir. Je n'ai jamais considéré les caméras de télévision, la presse ou les radios comme une priorité. J'ai eu envie de faire de la musique et de faire passer quelques convictions. Celui qui écoute vos chansons veut attraper quelque chose qui va lui servir. Je n'ai jamais considéré qu'un artiste était fait pour passer à la télévision. C'est un outil qui s'est transformé en faim, alors que ce n'est qu'un moyen. La télévision est une fin en soi, à tel point que lorsque j'étais en Russie on a créé les Stars Académies qui ont mis dans les têtes des gens un caca monstrueux, du style " Dans ta vie tu as une chance, tu l'a saisie, et tu va devenir riche ", c'est un crime car en réalité on a perdu les gens dans une philosophie de bazar qui est le jackpot, et non pas la réussite. Je me rends compte autour de moi qu'il y a des gens qui cherchent la bonne idée, mais en fait il y en a très peu nombreux à l'a trouver. Il y en a qui passent toute leur vie a essayer de l'a trouver !
Haute-Loire Infos : Vous êtes aujourd'hui en marge du monde du show-business, pourquoi ce choix ?
Nilda Fernandez : Tout le monde est courant de la foire aux guignols qui se passe au niveau politique, c'est le cas également dans le milieu du show-business. Je le connais, je le côtoie, et je m'en suis fais une idée. Très souvent il est lamentable. C'est une espèce de misère qui desespère ceux qui le regardent. Moi je conseille à beaucoup de gens d'abandonner ça et de se regarder eux-mêmes et de se dire " En quoi ma vie permet ces choses ? ". Un monde politique, un monde médiatique, un monde artistique ne peut que ressembler au monde auquel il appartient.
Haute-Loire Infos : Cette façon de penser se retrouve dans vos concerts ?
Nilda Fernandez : Je ne prêche pas dans mes concerts, je chante. Mais disons que lorsque l'on cultive une façon d'être depuis longtemps, ça se reflète dans tous nos gestes, et dans la façon d'aborder le public. Je fais de mes concerts quelque chose dans lequel on puisse se sentir humain, pas trop pris pour un con. J'ai ouvert les yeux quand j'ai commencé ma carrière et que j'ai fais la première partie de Sting. C'était très bien, j'ai fais 40 minutes qui se sont bien passées, sauf que je commencais à comprendre ce qui m'arrivais. Quand j'ai vu 18 000 personnes devant moi avec des barrières à 5 mètres de la scène, je n'ai pas le souvenir d'un seul regard. J'ai détesté ça ! J'ai dis à l'époque que je ne serai pas la bonne personne pour jouer devant des troupeaux. Quand je suis sorti de scène, j'ai dis j'arrête tout et je réfléchis.
Haute-Loire Infos : Quels sont vos projets, qu'imaginez-vous faire dans 5 ou 10 ans ?
Nilda Fernandez : Je me suis souvent poser la question de savoir si j'allais continuer ce métier, et finalement je me rends compte que j'aime bien la musique et écrire des chansons. Les écrivains adorent signer des livres dans les forums de la FNAC car ça leur permet de voir leurs lecteurs. Les acteurs adorent faire de la promotion de leur film, et voir leurs spectateurs. Nous on les voit, et en plus on joue devant eux. Un peintre qui pourraient peindrent devant un grand public ça serait génial ! Et cet aspect là, en y réfléchissant bien est assez exceptionnel.
Haute-Loire Infos : Pour finir, parlez-nous de votre tournée.
Nilda Fernandez : J'ai toujours considéré qu'il n'y avait pas de tournée, il ya des concerts. Le concept de la tournée est un peu artificiel. On fait des tournées, car à un moment donné il faut réunir des gens, les bloquer dans le calendrier. Il s'agit d'aligner les dates et de réduire les frais. Cet aspect des choses m'a toujours gonflé. J'ai toujours été en guerre contre ça, à tel point que j'ai fais une tournée en roulotte il y a quelques années, en proposant une cinquantaine de concerts. Ca pour moi c'est une tournée. Pour l'instant je joue seul avec mon instrument, c'est ce que j'ai décidé en revenant de Russie. Ce n'était plus réaliste de tourner avec des musiciens. En étant tout seul j'ai une grande liberté, et j'ai toujours l'impression d'avoir le plaisir de tout recommencer.
Nilda Fermandez est en tournée actuellement en France, après Brives-Charensac, il se rendra dans la région Nord-pas-de-Calais, il fera un petit tour à La Réunion, avant de poursuivre son périple en Corse, à Grenoble...Toutes les dates sur son site officiel www.nildafernandez.net