Photovoltaïque : Le revers de la médaille...

Les marchés liés à l'installation de panneaux photovoltaïques sont en berne, et notamment dans le milieu agricole et industriel. Après une envolée des installations chez les professionnels notamment, les projets se font plus rares, la législation a sans cesse évolué depuis trois ans, et aujourd'hui ceux qui voient le jour doivent répondre à la lettre à la règlementation mise en place.

S'il est toujours intéressant d'investir lorsque l'on est particulier, même si les crédits d'impôts ont diminué de 50 à 25% depuis la fin septembre. Les délais de validation des dossiers par EDF sont de plus en plus longs, et bon nombre d'agriculteurs et d'industriels préfèrent annuler ou reporter leurs commandes " EDF fait la pluie et le beau temps, et il y a aujourd'hui un manque de lisibilité sur l'avenir. 4,5 millions d'euros de commandes prévues en 2011 ont été annulées ou reportées chez nous. D'autre part, il faut montrer pâte blanche chez les banquiers, la donne a changé depuis un peu plus d'un an, et il faut être attentif aujourd'hui au projet que l'on a, que l'on soit un particulier ou un professionnel ", nous a expliqué Philippe Thiebault, responsable administratif au sein de la société Gauthier basée à Solignac/Loire. Plus question donc aujourd'hui de faire n'importe quoi, pour que les professionnels continuent de profiter des avantages fiscaux, et ceux liés au rachat de l'électricité produite, ils doivent à présent utiliser des panneaux intégrés à la toiture de leur bâtiment, qui, entre parenthèses, ne doit pas avoir plus de deux ans d'ancienneté, et celui-ci doit être fermé et exploité, car beaucoup d'abus ont été constatés ces dernières années " Une installation photovoltaïque reste aujourd'hui rentable, à des conditions certes moins avantageuses que par le passé, il faut par contre être très prudents au niveau des garanties proposées par les installateurs, et s'assurer qu'ils soient solvables et qu'ils vont perdurer dans le temps, car le contrat passé avec EDF est de 20 ans ". Jusqu'au 31 décembre 2009, le prix de rachat du kilowattheure était de 0,60 centimes que l'on soit professionnel ou particulier, il n'est plus que de 0,44 centimes aujourd'hui pour les professionnels " Aujourd'hui tout s'est resserré, on a pas le droit à l'erreur, et volontairement on fait patienter nos clients car on est complètement dépendants des délais qui nous sont imposés par EDF ".

Franck Escudéro, installateur au Puy-en-Velay

Quel avenir pour le photovoltaïque ?

Les installations restent toujours rentables selon les installateurs, même s'ils accusent le contrecoup de l'évolution de la législation. Franck Escudéro qui a fait du photovoltaïque une activité complémentaire de son entreprise au Puy-en-Velay explique que les coûts des matériaux vont baisser à l'avenir, il garde confiance pour l'année à venir « Nos clients ont freiné leurs investissements, on a moins de demandes aujourd’hui, on en avait entre trois et cinq par mois, on en a une grand maximum aujourd’hui, le marché était florissant il y a quelques années, mais on a une lueur d’espoir dans le sens ou le prix du photovoltaïque, les coûts du matériel et de pose vont baisser en 2011, les fabricants vont faire des efforts pour garder leur marché ». Quant aux prix des installations, ils sont plutôt variables d'un installateur à l'autre, ou d'une région à une autre " On connaît un particulier qui s'est vu facturer une installation 28 000 euros, c'est du vol ! Il faut compter aujourd'hui entre 17 et 19 000 euros, il faut bien entendu ajouter à celà le contrat de maintenance ", nous a précisé Philippe Thiébault. Quoiqu'il en soit, le marché reste encore florissant, et certains utilisent des méthodes agressives pour vendre coûte que coûte leurs installations...

Jean Boyer est intervenu au Sénat il y a quelques jours sur la question du photovoltaïque, lors des questions orales « Il est grave de remettre aujourd'hui en cause des tarifs que les porteurs de projets pensaient acquis quand ils se sont lancés ! S’il vous plaît, Monsieur le Ministre, réfléchissez avant qu’une filière ne s’effondre. Encourageons ensemble ceux qui veulent travailler, entreprendre en prenant des orientations constructives et pour des périodes permettant une vue et une contractualisation à plus long terme permettant ainsi la faisabilité des projets ».