L'actualité politique de la rentrée prochaine sera marquée par les élections sénatoriales. Jean-Jacques Faucher, maire de Brioude a déjà annoncé sa candidature il y a quelques mois, ce vendredi matin c'est le sénateur sortant Adrien Gouteyron qui a levé le suspense en déclarant lors d'une conférence de presse qu'il ne se représenterait pas. Il siège au Sénat depuis 1978, et après 33 ans de mandat, il lui semble légitime de laisser la place...
Haute-Loire Infos : Pourquoi avez-vous décidez d'attendre cette journée du 27 mai pour annoncer que vous ne serez pas candidat aux prochaines élections sénatoriales, et qu'est-ce qui a motivé cette décision ?
Adrien Gouteyron : J’annonce ma décision aujourd’hui parce que j’ai voulu le faire avant que ne soient élus les délégués sénatoriaux, prévue le 17 juin, et pas trop tôt, car j’estime qu’il ne convient pas que la campagne pour les élections sénatoriales soit trop longue. Comme vous le savez, j’ai été élu sénateur pour la première fois en 1978. Depuis à chaque nouvelle élection c'est-à-dire en 1983, en 1992, en 2001, les grands électeurs m’ont à chaque fois renouvelé largement leur confiance. Cela fait donc 33 ans que je suis, sans discontinuité, sénateur de la Haute-Loire.
Par ailleurs, je connais mon état civil que certains se plaisent à me rappeler. J’ai également conscience que le moment du renouvellement est venu ; voilà autant de raisons pour vous dire que je ne serai pas candidat à la prochaine élection sénatoriale même si un nombre certain de maires m’encourageaient à repartir. Mais vous savez, j’estime que la compétence, gage d’efficacité, n’est pas liée à l’âge mais aux responsabilités que vous exercez, ou que vous avez exercées.
J’ai eu l’honneur de présider pendant six ans, de 1995 à 2001, la Commission des Affaires Culturelles, j’ai été pendant sept ans, de 2001 à 2008, vice-président du Sénat, depuis 2008 je préside la Commission Spéciale chargée du Contrôle des Comptes et de l’Evaluation Interne. Ces différentes responsabilités, en toute modestie, m’ont donné un peu de poids et m’ont permis, je le reconnais, d’ouvrir un certain nombre de portes y compris au plus haut niveau de l’Etat, cela pour la bonne cause c'est-à-dire pour faire avancer les dossiers importants de notre département, et accompagner les projets portés par les communes.
A ce sujet je veux dire que j’ai été toujours très heureux de pouvoir aider financièrement tel ou tel projet communal grâce à ma réserve parlementaire qui, je le crois, est très appréciée des maires ; elle est un moyen de compléter un plan de financement et de permettre ainsi à une commune de réaliser un projet dans les meilleures conditions financières possibles. Je continuerai à agir ainsi jusqu’au terme de mon mandat c'est-à-dire à la fin du mois de septembre, je continuerai bien sûr à me consacrer à la vie publique grâce à mon mandat de maire, et je reste disponible si l’on estime que je peux encore rendre service.
Haute-Loire Infos : Quels dossiers en particulier méritent d’être défendus par les parlementaires de Haute-Loire ?
Adrien Gouteyron : Les parlementaires sont à l’écoute de leurs concitoyens et de leurs électeurs. Tous les sujets qui concernent ces derniers, toutes leurs préoccupations, doivent être relayés par eux. C’est pour cela que la proximité est indispensable. Beaucoup de dossiers méritent une grande attention, les dossiers routiers en particulier, celui de la nationale 102 et la nationale 88.
Mais je n’oublie pas que la mission constitutionnelle du Sénat est de représenter les collectivités territoriales Le Sénat est le grand Conseil des communes de France. La question de la place de ces collectivités, de leurs missions et des moyens qui leur sont donnés pour les exercer est donc essentielle. C’est dans cette perspective que l’on doit placer le débat toujours actuel sur la péréquation entre les plus riches et celles qui le sont le moins. La Haute-Loire et nos communes ont tout à gagner à ce débat. C’est un débat de principe mais c’est aussi un sujet très technique qui exige beaucoup d’attention, de réflexion et de compétences. Ce débat aura lieu prochainement, et je souhaite que les sénateurs de la Haute-Loire y participent pleinement.
Je pense aussi bien sût au dossier de la formation, qu’il s’agisse de la formation initiale ou de la formation professionnelle. Nous avons fait beaucoup pour que la Haute-Loire dispose d’un réseau d’établissements de qualité. Il faut veiller à ce que les formations dispensées correspondent aux formations d’aujourd’hui et de demain. Les formations supérieures dispensées en Haute-Loire sont un atout essentiel.
Le Parlement sera sûrement saisi de mesures qui tendront à développer la formation en alternance. C’est important.
Je n’oublie pas, bien sûr, la défense de tout notre tissu économique, nos agriculteurs, nos industriels, nos commerçants, nos artisans. Le rôle des parlementaires est aussi de se faire l’écho de leurs préoccupations et de leurs besoins. L’emploi est évidemment une priorité et la formation des jeunes l’est aussi. La majorité des communes du département est classée en zone de revitalisation rurale. Ce zonage doit être revu et je dis : VIGILANCE. Il y aurait encore beaucoup de choses à dire. La vie parlementaire doit prendre en compte toutes les évolutions.
Haute-Loire Infos : Est-ce aujourd’hui un atout ou un inconvénient de faire parti de la famille UMP ?
Adrien Gouteyron : Les grands électeurs, je le sais, jugent d’abord la qualité des hommes et la capacité à les représenter. Mais un parlementaire doit forcément se situer par rapport à l’action gouvernementale. La bonne attitude est, me semble-t-il, d’être fidèle à ses convictions, sans sectarisme, sans rejet systématique de l’opinion des autres, en cherchant toujours à les comprendre. Cette pratique de la politique correspond, je crois, à ce que souhaitent les citoyens de la Haute-Loire, une attitude ouverte et respectueuse de tous.
Haute-Loire Infos : Les candidatures vont être particulièrement nombreuses en Haute-Loire, selon vous qu’est ce qui peut faire la différence ?
Adrien Gouteyron : La différence viendra de la manière dont les électeurs percevront les candidats et les jugeront sur la capacité à servir le département et la République. Il faut être proche des gens pour bien les connaître, mais la proximité ne suffit pas : Il faut aussi avoir une bonne connaissance des dossiers et des rouages administratifs. Les élus ont besoins d’être compris et soutenus. Je crois qu’ils veulent être représentés par des parlementaires conscients des défis de l’avenir et capables de les assumer.